Les pour cent ou % |
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Déjà l'orthographe du mot nous laisse perplexe[1]. Nos dictionnaires proposent « pour-cent » en deux mots avec trait d'union, « pour cent » en deux mots mais sans trait d'union ou « pourcent » en un mot. Dans les trois cas, ils proposent généralement le mot comme un substantif masculin et habituellement invariable.
L'abréviation et les règles typographiques qui s'y rapportent sont :
Le signe « % » en typographie française doit être précédé d'une espace fine insécable et suivi d'une espace forte ou normale. À défaut, il sera précédé de l'espace insécable.
Les abréviations anciennes « pour 100 », « p. cent » ou « p. 100 » restent correctes, mais ne sont plus d'un usage courant.
Un pourcentage désigne une partie souvent inférieure à l'unité, dès lors, si une partie d'un ensemble est exprimée en pourcentage ou en fraction, cette portion réclame-t-elle un singulier ou un pluriel ?
L'accord du verbe qui a pour sujet un pourcentage ou une fraction d'un tout est grammaticalement difficile à éclaicir, comme l'est un nom collectif suivi d'un complément dont nous avons déjà traité (voir page spéciale collectif et complément, comment accorder ?).
orthographe
points de pourcentage
erreur fréquente en statistique...
typographie
singulier ou pluriel, pourcentage et fraction... moins que 1 ?
sources : typographie
sources : grammaire
seul devant un pourcentage
Suite aux versions différentes lues dans divers dictionnaires, nous avons demandé l'avis de l'Académie française. Dans les deux jours suivants, nous avons reçu la réponse de Marie Pérouse-Battello, rédactrice au Service du dictionnaire à l’Académie française :
Monsieur,
On écrit pour cent : dix pour cent, soixante-dix-huit pour cent.
Cordialement,
Marie Pérouse-Battello
Remarquons cependant que le CNRTL, site habituellement reconnu pour sa qualité, propose les trois graphies et accepte même la graphie en un mot avec la finale -s pour le pluriel. La majorité des dictionnaires se rallient à ces orthographes et n'acceptent la marque du pluriel que dans le cas de la graphie en un mot.
On pourrait d'ailleurs s'étonner de cette réponse de l'Académie, puisqu'en 1990 déjà, au-delà des cas cités dans la règle de suppression du trait d'union, l'Académie suggérait que les auteurs de dictionnaires soient invités à privilégier la graphie soudée.
La différence entre deux mesures exprimées en pourcentage ne s'exprime pas en pourcentage, mais en points.
Si mes résultats passent de 58 % à 68 %, ils n'augmentent pas de 10 %, mais de 10 points... en effet, à 58 %, s'il y a augmentation de 10 %, on augmenterait de 5,8 %.
En cas d'une variation (augmentation ou diminution) suivie d'une autre variation (idem), toutes deux exprimées en pourcentage, on ne peut pas ajouter les variations.
Mon capital augmente de 40 %, puis diminue de 40 %... cela ne me ramène pas au point initial.
En effet, si j'ai 1000 €, mon capital passe à 1400 € après le premier constat, puis à 840 €,
en effet, (1400 - 40 % 1400 = 1400 - 560 = 840)... et malheureusement pas à 1000 €.
Il faut multiplier les variations entre elles,
(r1 et r2 sont les variations, pourcentages exprimés en centièmes [donc deux chiffres après la virgule],
variation positive si augmentation et négative si diminution)
selon la formule :
Final = Initial ( 1 + r1 ) ( 1 + r2 )
donc, ici :
Final = 1000 ( 1 + 0,40 ) ( 1 - 0,40 )
= 1000 * 1,4 * 0,6
= 1000 * 0,84
= 840 CQFD
Tous les typographes, y compris ceux qui ont rédigé les normes dites belges, sont d'accord :
Le signe « % » en typographie française doit être précédé d'une espace fine insécable (ou, à défaut, d'une espace insécable) et suivi d'une espace forte ou normale.
Il est vrai que l'on rencontre très souvent le signe '%' collé au texte qui précède... c'est là une copie fréquente de la typographie anglosaxone... mais une erreur dans la typographie de la langue française. Et ce n'est pas parce qu'une erreur devient fréquente qu'elle n'est plus une erreur... Erreur du même type que l'omission des espaces avant et après le 'h' abréviation de heure (voir page spéciale ici).
La valeur qui accompagne le signe '%' doit toujours être exprimée en chiffres arabes, jamais en lettres.
On évitera l'usage conjoint de chiffres et de lettres dans les expressions mixtes (45 pour cent ou quarante-cinq pour 100).
On peut répéter ou ne pas répéter le signe '%' quand on exprime plusieurs pourcentages successifs (de 7 à 9 % des votants).
On évitera toujours de commencer une phrase par une valeur écrite en chiffres... donc, on exprimera en toutes lettres un pourcentage placé en tête de phrase.
Les divergences concernant l'usage au singulier ou au pluriel s'il est fait usage d'une fraction ou d'un pourcentage suivi d'un complément sont nombreuses. Les grammairiens osent rarement éclaircir la situation, Girodet s'y est risqué (voir ci-contre). Faut-il, ou peut-on écrire :
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui a été invité à se prononcer concernant les nouveaux horaires ont réagi négativement.
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui ont été invités à se prononcer concernant les nouveaux horaires ont réagi négativement.
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui a été invité à se prononcer concernant les nouveaux horaires a réagi négativement.
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui ont été invités à se prononcer concernant les nouveaux horaires a réagi négativement.
Inutile de vouloir justifier autrement, beaucoup s'y sont déjà cassé les dents...
- Il ne faut pas de 's', car 10 pour cent est la représentation populaire du coefficient 0,1 ou un dixième ;
- Pas de pluriel, car un pourcentage ou une fraction est une partie inférieure à l'unité ;
- « Si l'ensemble est dénombrable [...] » nuancent certains « grammairiens », mais il nous semble que si un pourcentage est calculé, c'est qu'on a pu en compter l'effectif, soit de façon approximative, soit de façon précise ;
- 60 % est un nombre imposant le pluriel ;
- Singulier, car un pourcentage ou une fraction est une partie d'une totalité ;
- Il faut un 's', car 10 % signifient dix centièmes, donc un pluriel à l'adjectif qui accompagne ;
- Il ne faut pas de 's', car l'expression 10 pour cent ne peut pas signifier 10 fois quelque chose. C'est un coefficient applicable à une valeur ;
- Pas de 's', car 10 % est un tout, donc au singulier ;
- Je mettrai 's' à 10 % supplémentaires, car supplémentaires est un adjectif ;
- "un" pour cent (1 %) supplémentaire est singulier, dès qu'on passe à deux, on est dans le pluriel, etc.
Le principe est : |
C'est ce principe que défendent André Goosse et Maurice Grevisse en commentant la phrase « La moitié des réfugiés du monde — soit environ six millions — ont moins de 18 ans », avec le commentaire suivant « l'accord se fait souvent avec le complément des noms de fractions parce que ces noms sont proches des déterminants numéraux. (Cf. Bon usage, § 422, c, 4°) » dans La force de l'orthographe, 3e édition, de boeck-duculot.
Exemples ou contrexemples, et commentaires :
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui a été invité à se prononcer concernant les nouveaux horaires ont réagi négativement.
(Invité s'accorde au singulier avec le complément personnel, alors que ont réagi s'accorde au pluriel avec le pourcentage)
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui ont été invités à se prononcer concernant les nouveaux horaires ont réagi négativement.
(Invités et ont réagi s'accordent au pluriel avec le pourcentage, peu importe que ce soit du personnel enseignant)
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui a été invité à se prononcer concernant les nouveaux horaires a réagi négativement.
(Invité et a réagi s'accorde au singulier avec personnel enseignant, peu importe la proportion)
* Selon le syndicat, 70 % du personnel enseignant qui ont été invités à se prononcer concernant les nouveaux horaires a réagi négativement.
(Invités s'accorde au pluriel avec le pourcentage, alors que a réagi singulier avec le complément personnel)
* Selon le syndicat, 70 % des enseignants qui ont été invités à se prononcer concernant les nouveaux horaires ont réagi négativement.
(Invités s'accorde au pluriel avec le pourcentage ou le complément, et ont réagi pluriel aussi... pas d'autres choix !)
* Selon le syndicat, 70 % des enseignants qui a été invité à se prononcer concernant les nouveaux horaires ont réagi négativement.
(Erreur, car invité ne peut pas s'accorder au singulier puisque le pourcentage et le complément sont pluriel, alors que ont réagi pluriel s'accorde correctement)
* Selon le syndicat, 70 % des enseignants qui a été invité à se prononcer concernant les nouveaux horaires a réagi négativement.
(Erreur, car ni invité ni a réagi ne peuvent s'accorder au singulier, puisque le pourcentage et le complément enseignants sont au pluriel)
* Selon le syndicat, 70 % des enseignants qui ont été invités à se prononcer concernant les nouveaux horaires a réagi négativement.
(Erreur, car invités s'accorde correctement au pluriel avec le pourcentage ou avec le complément enseignants, mais a réagi ne peut pas être au singulier)
Sans vouloir multiplier les exemples, le lecteur comprendra que :
• la moitié au lieu des 70 %, est une fraction au singulier, dont le complément peut être au singulier ou au pluriel ;
• de même, un tiers est une fraction toujours au singulier, mais dont le complément peut être au singulier ou au pluriel ;
• par contre, trois quarts est une fraction toujours au pluriel, mais dont le complément peut être au singulier ou au pluriel ;
• les deux tiers ou ces 60 % sont des pluriels qui, même si leur complément est au singulier, appellent un verbe au pluriel ;
• 1 % ou 0,21 % ou 1,9 % sont des pourcentages inférieurs à deux unités et appellent donc un singulier pour le pourcentage mais éventuellement un pluriel si le complément est pluriel, etc.
« Quel profit faut-il prendre ? Trente pour cent suffira. » n'est donc pas un extrait de gens incapables d'écrire en français.
Si le nom de fraction indique une quantité de référents précise, il est considéré comme le noyau du syntagme et détermine l'accord du verbe. Si le nom de fraction indique une quantité de référents approximative, il est considéré comme un simple quantifieur. C'est alors le complément nominal qui est senti comme le noyau du syntagme, et le verbe s'y accorde |
Si le pourcentage est accompagné de l'article défini, il est interprété comme le noyau du syntagme et détermine l'accord du verbe Si l'indication de pourcentage n'est pas accompagnée de l'article défini, elle est interprétée comme un simple quantifieur. Dans ce cas, il y a accord avec le complément nominal |
1. Lorsqu'un nom de fraction ou de pourcentage est suivi d'un complément
Lorsqu'un nom de fraction ou de pourcentage est suivi d'un complément, le verbe s'accorde :
- avec le nom de fraction ou de pourcentage, si l'on souhaite insister sur la proportion précise ;
- avec le complément, en genre et en nombre, si l'on souhaite insister sur l'ensemble exprimé.
Exemples :
- Un tiers de la cagnotte a été volé. (= expression d'une proportion précise)
- Un quart des étudiants n'ont pas obtenu la moyenne aux partiels. (= mise en valeur de l'ensemble)
- L'institut de sondage a annoncé que 20 % des électeurs s'abstiendrait de voter. (= expression d'une proportion précise)
2. Si le nom de fraction ou de pourcentage est précédé d'un article ou d'un adjectif au pluriel
Si le nom de fraction ou de pourcentage est précédé d'un article ou d'un adjectif au pluriel, le verbe s'accorde obligatoirement au pluriel.
Exemples :
- Les deux tiers de l'équipe seront soumis à un contrôle de dopage.
- Ces 20 % de terre sont cultivés sans pesticides.
3. Lorsque les expressions plus de la moitié et plus du quart sont suivies d'un complément
Lorsque les expressions plus de la moitié et plus du quart sont suivis d'un complément, l'accord du verbe se fait avec celui-ci, en genre et en nombre.
Exemple : Plus du tiers des journalistes ont pu poser de questions à la conférence de presse.
23 % de la population avouaient ne pas faire le tri sélectif des déchets.– avec le complément si l’accent est mis sur lui.
Un bon tiers de la population se disait satisfait.
23 % de la population avouait ne pas faire le tri sélectif des déchets.Notez que souvent les deux interprétations demeurent possibles.
Deux tiers de la population se dit satisfaite.
>> En revanche, lorsque le pourcentage (ou la fraction) est précédé d’un déterminant pluriel (les, ces, mes…), le verbe s’accorde obligatoirement avec le pourcentage.
Les 23 % restants avouent ne pas faire le tri sélectif.
Les deux tiers de la population avouent ne pas avoir voté.
Accord du verbe avec un pourcentage ou une fraction
> Selon le sens du texte le verbe s'accorde avec la fraction ( ou le pourcentage ) ou avec le complément.
Ex : 27 % des membres avoue /avouent ne pas voter.
Deux tiers des membres se dit / se disent satisfait(s).
> Par contre, si le pourcentage ( ou la fraction ) est précédé d'un déterminant pluriel, le verbe s'accorde avec le pourcentage ( ou la fraction ).
Ex : Les 27 % des membres interrogés avouent ne pas voter.
Les deux tiers des membres interrogés se disent satisfaits.
Dans les tours avec pour cent ou pour mille, on accorde le verbe (ou l’adjectif) concerné soit avec l’expression du pourcentage, soit avec le complément qu’elle introduit.
On écrit donc, au choix :
Seules 14 % des productions écrites en 2006 à la Commission européenne ont été initialement rédigées en français (accord avec le complément du pourcentage productions…) ou
Seuls 14 % des productions écrites en 2006 à la Commission européenne ont été initialement rédigés en français (accord avec 14 %, expression du pourcentage).
[NDLR : Pourcentage et complément au pluriel : l'Académie n'a pas pris la peine d'illustrer sa règle avec
— soit un pourcentage inférieur à 2 et un complément au pluriel,
— soit un pourcentage supérieur à 2 et un complément au singulier.
N'est pas pédagogue qui veut !]
Si le pourcentage ne possède pas de complément, l’accord se fait avec l’expression du pourcentage, au singulier si celui-ci est inférieur à 2, sinon au pluriel : 1,9 % a voté contre la motion ; 97,1 % ont voté pour la motion ; 1 % s’est abstenu.
Le pluriel et le singulier sont possibles, après un pourcentage, comme après une fraction, suivi d’un complément et le choix se fait selon ce sur quoi vous voulez insister.
« 71 % de l’effectif est concerné par la restructuration. » si vous voulez insister sur le complément, donc sur l’ensemble de l’effectif.
« 71 % de l’effectif sont concernés par la restructuration. » si vous voulez insister sur la proportion concernée par la restructuration.
En fait, il existe de très nombreux cas sans accentuation de l’un ou de l’autre terme : la phrase est neutre. Mais il peut effectivement arriver que l’accent soit porté sur un seul des deux, comme si l’on mettait verbalement plus de force. Dans ce cas, priorité à ce mot pour commander l’accord. Mais pour le lecteur lambda, c’est presque invisible ou… inaudible.
Bref, cet accord après % est une vraie question, il n'y a pas de « vérité ultime », et en tant qu'orthotypographe je choisis (je propose) une option, et à partir de là l'important c'est de s'y tenir dans tout le texte, d'être cohérent. Je préfère raisonner au sens plutôt qu'à un rapport purement arithmétique. Tous ces calculs d'apothicaire de la BDL ou de l'Académie ou autres gardiens de la vieille orthographe, ça me fait penser aux directives européennes relatives au taux de pesticides admissible selon qu'on se trouve au vent ou sous le vent, selon qu'on soit au nord ou au sud, selon qu'il y ait ou non des voisins à 300 m, etc.
N'enfermons pas nos textes dans une rigidité bureaucratique trop étouffante au risque de tuer la langue ! Vive la souplesse ! Laissons à l'auteur et à son lecteur la liberté d'insister sur la partie ou l'entièreté de la population concernée. J'aime l'idée de ce "mot dominant" qui laisse la liberté au scripteur comme au lecteur de prendre le collectif ou son complément comme élément prépondérant du sujet traité.
L'Académie française nous a déjà répondu dans certains cas difficiles, aujourd'hui, cest l'Office québécois de la langue française qui est venu à notre secours.
Déjà, ce jour-là, la confrontation avait commencé à savoir si un pourcentage suivi d'un complément exigeait l'accord avec l'expression du pourcentage ou avec le genre et le nombre de son complément. Très vite, un nouveau désaccord est apparu quant à l'analyse du mot “seul” qui précédait : adjectif ou adverbe ?
Cette fois, toujours en relation avec les pourcentages, une nouvelle discussion est apparue quant à savoir si le mot “seul” placé devant un pourcentage devait ou non s'accorder avec ledit pourcentage. Notre première impression fut d'accorder ce qui nous semblait être un adjectif qualifiant les 60 % dans la phrase « Téléphonie mobile : seul 60 % du territoire français est parfaitement couvert ». cf. https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/09/18/telephonie-et-internet-mobile-60-du-territoire-francais-est-parfaitement-couvert_5187113_3234.html.
Tout en reconnaissant le cas litigieux, mon interlocuteur signale un grand doute concernant les singuliers de seul et de est couvert : « Certains admettent l'accord au singulier. Absurde. 60 est un nombre imposant le pluriel, "seuls" est l'adjectif épithète de 60 %, je ne vois pas pourquoi on accorderait avec territoire.
SeulS 60 % (du territoire) sont couverts, on ne peut pas accorder "seul" avec le territoire entier, on tomberait dans le contresens. »
D'autres interlocuteurs interviennent dont un qui reprend l'un des exemples donnés par la Banque de dépannage linguistique (cf. Sources : grammaire n°2 [cf. ci-dessus] dont nous n'avons repris que les éléments théoriques), mais qui souffre du même défaut que les exemples de l'Académie. « Le sondage indique que 45 % des étudiants ont voté. (On met l'accent sur le complément, qui est pluriel.) »
Réaction immédiate : « Ch..., pourquoi par exemple dans ton exemple N° 1, tu dis "on accorde avec le complément, pluriel", alors que "45 %" impose déjà le pluriel ? » à laquelle nous réagissons aussi en affinant la question « Et si c'était 45 % de la population étudiante ? » dans le but de ne pas tomber dans le travers d'une justification bizarroïde concernant l'accord de « 45 % des étudiants a voté », verbe au singulier avec un sujet (pourcentage et complément) au pluriel.
C'est alors que notre interlocuteur répète les mots fatidiques et sème le doute : « Seuls quarante-cinq pour cent de la population étudiante... car l'adjectif est épithète de quarante-cinq » quarante-cinq est un adjectif numéral qui aurait un adjectif qualificatif épithète ?... curieux !
Tout en informant un ami typographe canadien, je me permets de répondre à mon interlocuteur « Je ne conteste pas l'accord de seuls avec 45 %, mais Riegel[2] a une autre explication : “Seul est un adjectif à valeur adverbiale : 4. La Morphologie des Adverbes, 4.1. Formes et formations de l'adverbe
L'adverbe est invariable, à l'exception de : […] - l'adjectif à valeur adverbiale seul(e), antéposé au sujet comme marqueur argumentatif d'exclusivité : Seule cette femme est allée au Tibet ( Il n'y a que cette femme qui...) […]” ».
La réaction de notre interlocuteur ne se fit pas attendre : « Qu'est-ce que c'est que cette hérésie ? Seul est un adjectif, il est fou, Riegel. », suivi d'un aussi rapide « Il confond seul et seulement, seulement pour son bon plaisir. » Nous connaissions notre partenaire de la discussion, qui partageait surement sans la connaître la formule chère à notre ancien premier ministre belge de l'après-guerre Achille Van Acker. Nous étions certain que “seul” pouvait être pris adverbialement, il ne nous fallu pas longtemps pour avoir la confirmation via le dictionnaire du CNRTL[3], confirmation qui fut envoyée aussitôt à notre interlocuteur qui ne jure que par ce dictionnaire, tant qu'il confirme ce qu'il pense : « Aussi fou que le CNRTL :
C. − [Dans des constr. attributives ou avec la fonction d'épith. mais avec une valeur adv.]
1. En appos. [Seul exclut toute pers. ou toute chose autre que celle qu'il représente] Synon. de seulement, ne... que.
a) [En tête d'une phrase ou d'une prop. sub.; séparé ou non par une virgule] Seul, le bruit de mes pas sur la pavé résonne (Samain,Chariot, 1900, p. 50) ».
Ce jour-là, l'échange se termina sur la remise en cause de FaceBook... « Ptêt que j'ai fait une fausse manip. », « Ben en fait, celui qui avait disparu est revenu, et celui par lequel je demandais s'il avait été masqué a disparu à son tour. Bref, j'en perds la boule ! LOL ! », « Ah ça y est je le vois, quel bordel, FB ! ». Ce qui ne précise pas que “seul” puisse être considéré adverbialement ou non.
Mais, pendant cette fin tragique de nos échanges de points de vue, nous recevons une réponse de notre ami orthotypographe canadien (décalage horaire existant) : « J'ai appelé l'Office québécois de la langue française et on m'a dit de le laisser invariable... Seul = seulement... ».
Riegel et le CNRTL reconnaissent la valeur adverbiale de “seul”, voici exactement ce que dit "le bon usage" de Maurice Grevisse - édition 2007 :
« Parmi les épithètes détachés en début de phrase, il faut mettre SEUL à part : cet adjectif occupe, en effet, très fréquemment cette position et souvent même sans pause, quand, se rapportant au sujet et s'accordant avec celui-ci, il a une valeur quasi adverbiale et pourrait être remplacé par "seulement" ; il marque que l'idée s'applique excluivement au mot auquel il se rapporte. »
Dans son blog, Richesses et difficultés de la langues française, RD précise : « Ce sont précisément les % qui m'embêtent, car pour les noms collectifs il y a une règle. Ex. : une troupe de soldats s'est ruée... ou se sont rués, on peut écrire les deux, suivant l'image précise que l'on veut faire passer. Mais c'est exactement la même règle qui s'applique avec les pourcentages : on a le choix selon que l'on veut insister sur le pourcentage ou sur son complément (accord d'intention).
L'important est de conserver une certaine cohérence d'accord. Ainsi pourra-t-on écrire : Seuls 60 % de la production sont destinés à l'international (accord avec l'expression du pourcentage) ou Seule 60 % de la production est destinée à l'international (accord avec le complément). »
Concernant les adjectifs à valeur adverbiale, la grammaire REVERSO reste floue : « Certains adjectifs sont employés avec une valeur d'adverbe : en général, ils ne s'accordent pas s'ils se rapportent à un verbe (mais l'accord peut être possible) et ils s'accordent s'ils se rapportent à un adjectif (ce dernier cas se rencontre dans quelques expressions figées). Pour entretenir correctement votre pelouse, tondez-la ras (l'adjectif ras se rapporte au verbe tondre : il reste au masculin singulier). Il avait laissé les portes grandes ouvertes avant de partir (l'adjectif grand se rapporte à l'adjectif ouvertes : il prend les mêmes marques de genre et de nombre que cet adjectif). Elle se tient droit (ou elle se tient droite). »
Certaines grammaires vont jusqu'à préciser : « L'adverbe seul s'accorde en genre et en nombre (seul / seuls / seule / seules) dans tous les cas comme un adjectif. »
Seulement en début de phrase ou introduisant une proposition peut aussi selon le contexte avoir le sens de « toutefois » ou « cependant ». « Seulement l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir d'ouvrir la Chambre… » peut se comprendre comme « Toutefois l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir d'ouvrir… » ou « Uniquement l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir d'ouvrir… ». En employant « seul » on n'a plus d'hésitation sur le sens.
« Téléphonie mobile : seul 60 % du territoire français est parfaitement couvert » signifie-t-il « Téléphonie mobile : cependant 60 % du territoire français est parfaitement couvert » ou « Téléphonie mobile : uniquement 60 % du territoire français est parfaitement couvert » ?
Qu'on l'accorde ou non, la plupart des dictionnaires s'accordent à accepter que “seul” est parfois adjectif mais peut aussi être adverbe (ou « adjectif à valeur adverbiale »), avec le sens de « seulement », « uniquement » ou « exclusivement » et que dans ce cas, il est placé avant le nom et, contrairement à la règle générale des adverbes, il s'accorde avec celui-ci.
Si maintenant, le syntagme nominal qui suit est un pourcentage suivi d'un complément, le sujet a été débatu ci-avant.
* + * + * + * + *
[1] Merci à notre lecteur qui a fait le reproche de ne pas avoir écrit perplexe au pluriel, puisque « nous » est un pronom pluriel...
C'est oublier qu'il existe plusieurs cas où nous demande à s'accorder au singulier : le nous majestatif, le nous de politesse et le nous de modestie, souvent employé par l'auteur d'un texte, d'un ouvrage, d'une thèse ou d'un article scientifique, particulièrement dans des ouvrages académiques.
Ce nous de modestie est utilisé pour un locuteur unique et demande donc un accord sylleptique au singulier (syllepses ou accords selon le sens et non selon la grammaire, du genre : elle avait l'air pensive ; j'ai un de ces mal de tête ; vingt-trois heures n'est plus le moment de rédiger de tels documents scientifiques ; on est restées jusqu'à la fin de l'explication ; mille euros est une belle somme ; Madame, je vous ai compris , etc.).
Son usage,
d'une part, atténue le côté fort individualiste et outrancier du « je » tout en évitant la banalité ou la familiarité du « on » et,
d'autre part, est une marque de respect et d'hommage à ses maîtres et à tous ceux qui marquent un intérêt pour le sujet traité.
L'auteur de cette page « Conseils d'orthotypographie » a bien le droit, à ce titre, de faire usage de ce « nous de modestie » qui lui permet de prendre quelque distance avec l'égo (éventuellement sans accent) qu'inspirerait une utilisation abusive du « je ». Nous traiterons prochainement du sujet.
cf. https://grammaire.reverso.net/4_2_22_nous_vous.shtml,
[2] Martin Rigel est professeur émérite à l'Université Marc Bloch de Strasbourg depuis 01/03/2002. Ouvrage unique de cette ampleur, La grammaire méthodique du français est la référence sur le sujet depuis 1994, date de la parution de sa première édition. Elle demeure la synthèse la plus complète sur le sujet.
Grammaire générale du français contemporain tel qu'il s'écrit, se parle et se manifeste dans la variété de ses usages, ce manuel accorde une place centrale à la syntaxe et la morphologie, et décrit le fonctionnement de la langue dans ses dimensions formelles (phonétique, orthographe et ponctuations) aussi bien qu'interprétatives (sémantique et pragmatique).
Chaque chapitre détaille un aspect ou une règle de grammaire illustré par de nombreux exemples toujours contemporains.
À noter les nombreux «+» : les tableaux de conjugaison, des bibliographies thématiques par chapitre et une bibliographie générale en fin d ouvrage, des références historiques en lien avec des grands textes de la littérature française, un index des termes techniques.
[3] Le dictionnaire du CNRTL pour Centre national des ressources textuelles et lexicales, est un dictionnaire généralement très fiable, parfois pas suffisamment rapide dans ses mises à jour : en septembre 2017, on y lisait encore que ce mot a un plur. en “s” jusqu'à Ac. 1835 qui préconise la forme inv. des abat-jour, alors qu'en 1990 déjà, l'Académie, dans ses Rectifications orthographiques, est revenue au pluriel des abat-jours ; il est souvent peu crédible concernant le respect de la typographie de la langue française.
* + * + * + * +
Voir aussi :
et les caractères spéciaux avec "alt"... toujours utile...
caractère capitale |
À | Â | Ç | È | É | Ê | Ë | Î | Ï | Ô | Ù | Û | Ü |
alt + 4 chiffr. | 0192 | 0194 | 0199 | 0200 | 0201 | 0202 | 0203 | 0206 | 0207 | 0212 | 0217 | 0219 | 0220 |
alt + 3 chiffr. | 183 | 182 | 128 | 212 | 144 | 210 | 211 | 215 | 216 | 226 | 235 | 234 | 154 |
caractère bas d casse |
à | â | ç | è | é | ê | ë | î | ï | ô | ù | û | ü |
alt + 4 chiffr. | 0224 | 0226 | 0231 | 0232 | 0233 | 0234 | 0235 | 0238 | 0239 | 0244 | 0249 | 0251 | 0252 |
alt + 3 chiffr. | 133 | 131 | 135 | 138 | 130 | 136 | 137 | 140 | 139 | 147 | 151 | 150 | 129 |
caract§re autre |
« | » | œ | æ | Œ | Æ | … | esp. inséc. |
“ | ” | " | ‘ | ’ |
alt + 4 chiffr. | 0171 | 0187 | 0156 | 0230 | 0140 | 0198 | 0133 | 0160 | 0147 | 0148 | 0034 | 0145 | 0146 |
alt + 2 ou 3 chiffr. | 174 | 175 | 339 | 145 | 338 | 146 | / | 255 | / | / | 34 | / | / |
caractère autre |
– | — | ¡ | ¿ | ¼ | ½ | ¾ | ± | ñ | Ñ | € | . | . |
alt + 4 chiffr. | 0150 | 0151 | 0161 | 0191 | 0188 | 0189 | 0190 | 0177 | 0241 | 0209 | 0128 | 0 | 0 |
alt + 2 ou 3 chiffr. | 173 | 168 | 172 | 171 | 243 | 241 | 164 | 165 | / | / | / |
Si vous n'avez pas de pavé numérique sur un ordi portable,
il suffit d'appuyer sur les touches Fn et NumLock (Inser) en même temps,
et le pavé numérique sur les touches
7(7) 8(8) 9(9) 0(/)
U(4) I(5) O(6) P(*)
J(1) K(2) L(3) M(-)
?(0) /(.) §+(+)
(la dernière ligne/colonne est/sont différente(s) selon les claviers belges, français...)
sera activé
et les raccourcis Alt + code chiffré fonctionneront.