Amour, délice et orgue, de quel genre ? |
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Combien de fois n'avons-nous pas lu sur Internet ce message relatif à des mots qui changent de genre quand ils changent de nombre...
Dans notre jeune âge, nous avons appris que « amour, délice et orgue » étaient féminins au pluriel, mais masculins au singulier. Ces trois mots seraient-ils aussi hermaphrodites que le mot « gens » auquel nous avons consacré une page spéciale ? On dit « Ce sont de bonnes gens », mais on évoquera « La balade des gens heureux » : le mot « gens » peut avoir les deux genres dans la même phrase sʼil est précédé et suivi dʼun adjectif. Erreur ! Nous lʼavons expliqué dans cette page.
Vous vous rappelez que amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel, vous ne connaissez pas bien la règle que nous développerons ci-après.
Vous ne faites aucune erreur si vous prétendez que vos enfants sont de parfaits amours, si vous faites allusion à un de vos plus grands délices, ni si soutenez que c'est à Strasbourg que l'on trouve un des plus beaux orgues de France...
Amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel... avons-nous dû répéter souvent dans notre plus jeune âge... Alphonse Allais, en 1898, dans son Amours, Délices et Orgues a tout fait pour que ces mots, qui souhaitaient rentrer dans le rang et s'aligner au bon usage de la langue, demeurent encore quelque temps au rang des trublions de la langue française...
Leçon mal étudiée ou mal précisée par votre enseignant de l'époque ?
Idée (mal) reçue ou fausse vérité ?
En pratique, cette règle, qui remonte au XVIe siècle et qui trouve sa justification dans l’étymologie, est de moins en moins respectée. Dans le langage courant, « amour », « délice » et « orgue » tendent à rester masculins au pluriel. Résultats : le féminin pluriel est désormais noté, dans les dictionnaires, comme « soutenu », « poétique » ou « littéraire » (en d'autres mots, pas très actuels), avant de devenir « vieilli » ou « archaïque », puis de disparaître sans doute à jamais. Un peu plus de détails pour vous éclairer :
Au xviiie siècle, le mot amour était aussi bien masculin que féminin.
Aujourd'hui, il est devenu essentiellement masculin, comme le précise la neuvième (et dernière) édition du dictionnaire de l'Académie française « AMOUR, n. m. IXe siècle, amur ; XIIe siècle, amor ; XVIIe siècle, amour. Emprunté du latin amor, sous l'influence de la forme de l'ancien provençal, langue des troubadours. »
Le dictionnaire de CNRTL précise « AMOUR, subst. masc. (except. fém.) Attirance, affective ou physique, qu'en raison d'une certaine affinité, un être éprouve pour un autre être, auquel il est uni ou qu'il cherche à s'unir par un lien généralement étroit. »
Parfois au pluriel et dans ce cas, généralement, au féminin, amour ne prendra sa forme féminine que dans la langue soutenue et littéraire, dans le sens d'une passion entre deux êtres ou d'un sentiment réciproque entre eux. Le genre masculin semble aujourd'hui se généraliser pour les deux nombres (cf. aussi Littré, rem. et Grev. 1964, § 253).
Le DAF (dictionnaire de l'Académie française) compte 26 392 mots dans sa définition du mot "amour". On y lit entre autres « Le genre. Amour est normalement masc. au sing.; au sing. et au plur. dans les emplois groupés supra IV D sous le tiret emplois métonymiques. Quand il désigne la passion amoureuse, le fém. se rencontre au sing. (par archaïsme ou affectation littér., et dans la lang. pop. ou fam. par ex. pour le syntagme la grande amour, cf. aussi ex. 241) ; il est habituel au plur., mais le masc. s'y répand de plus en plus. Souvent les écrivains modernes marquent le genre en choisissant des épithètes ou des adj. pronominaux qui ne font pas la distinction du genre (étranges; vos, tes amours, etc.) »
Seuls, les auteurs plus compétents que l'Académie française (ou ceux qui ne peuvent pas comprendre leur dictionnaire) prétendent encore que "amour", au pluriel, est féminin.
En 1885, dans son livre de souvenirs intitulé Le Livre de mon ami, Anatole France écrivait « Pauvre âme en peine, pauvre âme errant sur l’antique océan qui berça les premiers amours de la terre ». Autre temps, autre support : la formule « premiers amours », au masculin pluriel, librement traduite de l'anglais « first mistakes », a été reprise par la marque de jean Levi’s, comme slogan sur ses affiches publicitaires.
Des trois noms qui peuvent changer de genre en changeant de nombre, délice est certainement le nom qui souffre le moins de nuances de sens.
Le DAF 9e édition précise : « DÉLICE, n. m. et n. f.
XIIe siècle, féminin pluriel, puis masculin singulier. Emprunté, pour le singulier, du latin delicium, et, pour le pluriel, de deliciae (rare au singulier), “jouissances, voluptés, douceurs, agréments” ».
Le CNRTL nuance ainsi : « DÉLICE, subst. masc. sing.
Plaisir d'une grande intensité et subtilité » avec la remarque suivante en fin de page « Délices est gén. fém. au plur. sauf dans qq. formules comme un de mes plus grands délices (cf. Hanse 1949). »
Il faut profiter de toutes les délices de la vie tant qu'elles peuvent être savourées, pour ne pas vivre avec le regret de les avoir négligées. N'en déplaise à toutes les enseignes commerciales qui affichent « aux petits délices », chaque douceur de toutes ces délices, tant appréciées soient-elles, est un outrage à la langue française.
Cependant, beaucoup de grammairiens (et l'Académie française) rappellent qu'avec l'emploi de certaines expressions, même au pluriel, le mot délices doit conserver son genre masculin : un de, un des, le plus grand des, etc.
Le DAF 9e éd. propose « ORGUE, n. m. (s'est employé au féminin jusqu'au XVIIIe siècle ; cet usage s'est maintenu au pluriel pour désigner un seul instrument (les grandes orgues, le masculin pluriel servant à désigner des instruments distincts (des orgues anciens)) ».
Le CNRTL précise « ORGUE, subst. masc.
[...] 1. L'orgue est certes le plus grand, le plus audacieux, le plus magnifique de tous les instruments créés par le génie humain. Il est un orchestre entier, auquel une main habile peut tout demander, il peut tout exprimer.Balzac,Langeais,1834, p.202.
Rem. 1. Le mot s'emploie parfois au fém. plur., surtout dans la loc. les grandes orgues, où il désigne de façon plus solennelle un instrument unique. »
Orgue est toujours masculin, au singulier comme au pluriel :
Une seule exception se note au féminin pluriel et cet usage est en voie d'extinction (on lui préfère le masculin singulier) :
il doit s'agir d'un instrument unique, donc forcément dans une seule église, de grande taille, composé de plusieurs corps, avec toutes ses composantes (parfois disposées dans une même église, en des lieux ou à des niveaux différents) :
Mais le mot « orgues » reste au masculin, s'il désigne plusieurs instruments de ce type. C'est en ces termes que l'Académie confirme notre propos : « Orgue, masculin au singulier, est généralement féminin au pluriel quand il désigne de façon emphatique un seul instrument (les grandes orgues de cette cathédrale), mais reste au masculin quand il s’agit d’un vrai pluriel (les orgues anciens de cette région). » Curieusement, masculin et féminin peuvent correctement se cotoyer dans une même phrase :
[1] Nous ne citerons que les cas relevés par l'Académie française concernant l'inversion du sujet “je” ou la prononciation “é” ou “è”.
* + * + * + * +
Voir aussi :
et les caractères spéciaux avec "alt"... toujours utile...
caractère capitale |
À | Â | Ç | È | É | Ê | Ë | Î | Ï | Ô | Ù | Û | Ü |
alt + 4 chiffr. | 0192 | 0194 | 0199 | 0200 | 0201 | 0202 | 0203 | 0206 | 0207 | 0212 | 0217 | 0219 | 0220 |
alt + 3 chiffr. | 183 | 182 | 128 | 212 | 144 | 210 | 211 | 215 | 216 | 226 | 235 | 234 | 154 |
caractère bas d casse |
à | â | ç | è | é | ê | ë | î | ï | ô | ù | û | ü |
alt + 4 chiffr. | 0224 | 0226 | 0231 | 0232 | 0233 | 0234 | 0235 | 0238 | 0239 | 0244 | 0249 | 0251 | 0252 |
alt + 3 chiffr. | 133 | 131 | 135 | 138 | 130 | 136 | 137 | 140 | 139 | 147 | 151 | 150 | 129 |
caract§re autre |
« | » | œ | æ | Œ | Æ | … | esp. inséc. |
“ | ” | " | ‘ | ’ |
alt + 4 chiffr. | 0171 | 0187 | 0156 | 0230 | 0140 | 0198 | 0133 | 0160 | 0147 | 0148 | 0034 | 0145 | 0146 |
alt + 2 ou 3 chiffr. | 174 | 175 | 339 | 145 | 338 | 146 | / | 255 | / | / | 34 | / | / |
caractère autre |
– | — | ¡ | ¿ | ¼ | ½ | ¾ | ± | ñ | Ñ | € | . | . |
alt + 4 chiffr. | 0150 | 0151 | 0161 | 0191 | 0188 | 0189 | 0190 | 0177 | 0241 | 0209 | 0128 | 0 | 0 |
alt + 2 ou 3 chiffr. | 173 | 168 | 172 | 171 | 243 | 241 | 164 | 165 | / | / | / |
Si vous n'avez pas de pavé numérique sur un ordi portable,
il suffit d'appuyer sur les touches Fn et NumLock (Inser) en même temps,
et le pavé numérique sur les touches
7(7) 8(8) 9(9) 0(/)
U(4) I(5) O(6) P(*)
J(1) K(2) L(3) M(-)
?(0) /(.) §+(+)
(la dernière ligne/colonne est/sont différente(s) selon les claviers belges, français...)
sera activé
et les raccourcis Alt + code chiffré fonctionneront.