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"Ceci était un souhait de la plupart d´entre nous pour permettre aux étudiants d´étudier durant leur blocus et ne pas consacrer cette semaine là à finaliser le TFE."
Cette petite phrase a été à l´origine d'un long débat :
- Faut-il accentuer le dernier caractère ?
- Faut-il des points abréviatifs après chaque élément du sigle ?
- TFE est-ce une abréviation ? un sigle ou un acronyme ?
- Faut-il écrire TFE, TFÉ, T.F.E., T.F.É, Tfé, tfé, t.f.e. ou encore une autre variante possible ?
La nuance en fera sourire plus d'un. Les premiers à s'étonner des commentaires qui suivront seront les utilisateurs de la langue de Shakespeare qui savent que la traduction française du mot anglais acronym est "sigle".
Un résumé de notre consultation de divers dictionnaires, nous amène à définir l'acronyme comme un "sigle qui se prononce comme un mot". Encore faut-il savoir exactement ce qu'est un sigle. Là, chaque dictionnaire y va de sa propre version :
- Pour l'Encarta de Microsoft :
abréviation qui est formée avec la première lettre d'une série de mots et qui est prononcée en épelant (SNCF est un sigle tandis que SOFRES est un acronyme) ;
- pour le Wiktionary :
Groupe des lettres généralement initiales constituant l´abréviation d´un groupe de mots désignant par exemple une institution ou un projet ;
- pour Wikipedia :
Un sigle est un ensemble de lettres initiales formant un mot servant d'abréviation. Si un sigle peut se prononcer comme un mot ordinaire, comme Unesco, alors c'est aussi un acronyme. Dans les autres cas, on l'épelle : SNCF [esse.haine.cé.effe], noté [?s.?n.se.'?f] en écriture phonétique. Remarquez que dans le dernier cas, on peut écrire le sigle avec des points après les lettres, ce qu'on ne fera pas dans le premier cas. Mais dans l'usage courant, la tendance est à la suppression des points pour tous les sigles ;
- pour le dictionnaire de la langue anglaise « American Heritage » ( 4e édition, 2000 ) sur Bartleby.com :
(sigle, dont traduction anglaise, acronym) mot constitué des initiales d'un nom, tel WAC pour Women's Army Corps, ou de l'agencement des initiales ou parties d'une série de mots, tel radar pour « radio detecting and ranging ».
Certains sigles courants entraînent la formation de dérivés, par exemple : sidéen (victime du SIDA), cégétiste (membre de la CGT), cégépien (personne poursuivant des études dans un CEGEP ou CÉGEP), èrèmiste (bénéficiaire du RMI).
Certains sigles sont aussi écrits tels qu'on les prononce, devenant ainsi des noms communs (et s'accordent donc en genre et en nombre), par exemple : une bédé, des bédés, un cédérom, des cédéroms, un pédégé, une pédégée.
Les sigles sont invariables en français et ne prennent pas la marque du pluriel (contrairement à l'usage anglo-saxon), par exemple : des BD, des CD, des HLM.
À partir de ces définitions, nous illustrerons chaque notion d'exemples justifiés.
- sigle
RTBF : (pour Radio Télévision Belge Francophone) ;
est un sigle que l'on épelle, et ne prononce pas comme un mot unique (personne ne songe à le prononcer R'tebeuf) ;
les typographes avertis
préfèrent pour la siglaison, sa notation entièrement en capitales, ainsi que la présence de tous les points abréviatifs (R.T.B.F.) ;
l'usage actuel
aurait tendance à la suppression d'une part, des points abréviatifs, d'autre part, de l'accentuation des capitales, mais pas à la transposition en bas de casse ;
idem pour :
A.V.C. (pour accident vasculaire cérébral),
C.D. (pour Compact Disc),
C.E. (anciennement C.E.E.) (pour ),
C.I.A. (prononcé cé-i-ah ou si-aïe-hé) (pour "Central Intelligence Agency")
F.B.I. (prononcé ef-bi-aïe) (pour Federal Bureau of Investigation),
G.P.S. (pour Gx Positionning System),,
H.I.V. (pour human immunodeficiency virus),
H.T.T.P. (pour hyper text transport protocol),
L.C.D. (pour liquid crystal display),
O.N.S.S. (pour office national de sécurité sociale),
O.C.D.E.,
O.M.C. (pour Organisation Mondiale du Commerce )
O.N.U. (parfois si prononcé lettre par lettre "eau-haine-hue", pour organisation des Nations-Unies),
P.D.F. (pour portable document format),
P.N.B. (pour produit national brut),
Q.I. (pour Quotient Intellectuel),
R.E.R. (pour Réseau Ex Rx),
S.D.F. (pour sans domicile fixe),
S.N.C.B. (pour société nationale des chemins de fer belges),
S.N.C.F. (pour société nationale des chemins de fer français),
T.F.É. (pour travail de fin d'études),
T.F.T. (pour),
U.S.A. (jamais prononcé comme un seul mot, mais bien "hu-esse-ha") (pour united states of America",
V.I.P. (prononcé Vi-aîe-pi) (pour Very Important Person),
X.H.T.M.L. (pour eXtensible HyperText Markup Language),
etc.
- acronyme nom propre
OPEP : (pour Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) ;
est un sigle que l'on n'épelle pas, mais prononce comme un mot unique (personne ne songe à le prononcer O.pé.oeuf.pé) ;
c'est donc un acronyme, considéré comme nom propre ;
les typographes
voient sa notation entièrement en capitales, ainsi que la présence de tous les points abréviatifs (O.P.E.P.) ;
l'usage actuel
aurait aussi tendance à la suppression des points abréviatifs, voire à la capitalisation de l'unique lettre initiale qui composerait ce nouveau mot (Opep) ;
idem pour :
A.W.Ex. (pour agence wallonne à l'exportation),
B.I.T. (pour bureau international du travail),
C.A.P.A.C. (pour caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage),
C.A.P.A.E.S. (pour Certificat d'aptitude pédagogique approprié à l'enseignement supérieur),
Eur.Atom. (pour Europe Atomique)
N.A.S.A. (pour "National Aerotautics and Space Administration", Administration Nationale (américaine) de l'Aéronautique et de l'Espace),
et pas "Nous Avions Sept Astronautes" (allusion à l'explosion de la navette spatiale Challenger (1986) puis Columbia (2003) et le décès de leurs sept passagers),
O.N.Em. (pour office national de l'emploi),
O.N.U. (si je prononce "eau-nue") (pour organisation des nations-unies)
T.I.C. (pour technologies de l'information et de la communication),
U.N.E.S.C.O. (pour United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization),
V.I.P.O. (pour veuve, invalide, pensionné, orphelin), etc.
- acronyme nom commun et autres
RADAR et SIDA : (pour Radio Detection And Ranging et Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise) ;
sont des acronymes qui sont admis comme nom commun dans la majorité des dictionnaires récents ;
ces acronymes noms communs peuvent prendre la forme du pluriel : on écrira des radars ;
les typographes
acceptent
l'usage actuel
qui veut donc qu'on les note en bas de casse (minuscules pour les non initiés) comme le sont les noms communs, éventuellement avec capitale initiale... dans son Bon Usage, Maurice GREVISSE précise qu'il s'agit d'un "usage majoritaire, mais pas d'une règle" ;
idem pour :
cedex (pour "Courrier d'entreprise à distribution exceptionnelle)
laser (pour "light amplification by stimulated emission of radiation", en français, "amplification de la lumière par amplification stimulée de rayonnement"),
ovni (pour "objet volant non identifié"), etc.
et autres acronymes qui ne sont pas des noms communs :
aka (pour "also known as", alias en français),
led (pour " light-emitting diode", "diodes électroluminescentes" en français),
lol (pour "laughing out loud", mdr "mort de rire" en français, etc.
- abréviation
auto : pour automobile ;
n'est pas un acronyme car il n'est l'abréviation que d'un seul mot ;
ces abréviations sont admises dans la majorité des dictionnaires comme nom commun ;
ces abréviations nom commun ne demandent plus de point abréviatif et peuvent prendre la forme du pluriel : on écrira des autos ;
il n'existe aucune raison de faire usage de capitales dans la graphie de ces mots ;
les typographes
acceptent
l'usage actuel
qui veut donc qu'on les note en bas de casse (minuscules pour les non initiés) comme le sont les noms communs...
idem pour :
moto (pour motocyclette),
cyclo (pour cyclomoteur),
vélo (pour vélocipède)
- éponyme
frigidaire : pour réfrigérateur;
Lorsqu'une marque — qui est un nom propre — devient un nom commun ou remplace le nom commun préexistant, cette marque est devenue générique et éponyme — l'éponymie est le fait de « donner son nom à » quelque chose. Ce qui donne son nom est un éponyme. Il s'agit d'un cas particulier d'antonomase — l'antonomase du nom propre, la seule vraie antonomase pour beaucoup de théoriciens, consiste à employer un nom propre pour signifier un nom commun — du nom propre.
Les typographes
acceptent
l'usage actuel
qui veut donc qu'on les note en bas de casse (minuscules pour les non initiés) comme le sont les noms communs... et qu'on leur fasse prendre la marque du pluriel.
idem pour :
frigidaire,
bic,
diesel,
ampère,
watt,
don Juan,
auguste,
césar,
mécène,
kleenex,
klaxon,
mégère,
larousse,
coca,
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contraction ou mot-valise
bit : (pour binary digit)
n'est pas une abréviation ni un acronyme, ni un sigle, c'est la contraction des mots anglais binary digit, qui signifient « chiffre binaire », avec un jeu de mot sur bit, « morceau ». Il ne faut pas confondre un bit avec un byte, mot anglais qui se prononce /baït/ et est un groupe élémentaire de généralement 8 bits, ce qui dans ce cas fait un octet.
Ici encore, les typographes
acceptent
l'usage actuel
qui veut donc qu'on les note en bas de casse (minuscules pour les non initiés) comme le sont les noms communs... et qu'on leur fasse prendre la marque du pluriel.
idem pour
aldol (aldéhyde + alcool),
workoholic (work + alcoholic : accro au travail)
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