Conseils de typographie ou d'orthotypographie |
See You Why? |
Innover n'est pas à la portée de tout le monde et s'affranchir des règles élémentaires ne l'est pas plus.
Ne faut-il pas craindre que la revendication d'émancipation ou de tolérance excessive ne serve à masquer une tendance à l'auto-complaisance et à la facilité.
Lorsqu'un architecte passe outre les règles de son art, son édifice s'écroule. Quand c'est l'écrivain, rien ne se passe et c'est bien dommage et très commode.
On risque cependant de passer directement à l'étage en dessous qui est d'écrire n'importe comment... ou de ne plus être lu.
Pas d'attitude répressive, pas de purisme excessif. Ne soyons pas plus catholiques que le Pape et n'étouffons pas dans l'œuf ceux qui ont envie de s'exprimer. Prétendre qu'il n'y a qu'une seule norme, établie une fois pour toutes, la perfection débarrassée de toutes ses scories... c'est risquer d'être la source de complexes et d'insécurité... linguistique, évidemment.
Il est loin de nous ce temps où seuls les imprimeurs, les maquettistes et autres typographes maitrisaient la sophistication de la présentation de documents. L'outil informatique en a permis l'usage accessible à tous. Malheureusement, la connaissance des conventions typographiques n'a pas suivi cette maitrise des outils de publication.
Notre but n'est pas d'engendrer une peur, mais d'être un guide pour que nous puissions comprendre pourquoi les Canadiens sourient lorsqu'un Belge dit qu'il a joué avec ses gosses et pourquoi les Belges sourient lorsqu'un beau mâle français demande une serviette en sortant de sa douche.
La Bible de la grammaire française n'a-t-elle pas été écrite par un instituteur belge, Maurice Grevisse... mais "le bon usage" s'adresse à tous ceux qui veulent parler le bon français, celui de l'Île-de-France, même à ceux qui veulent que 'nonante' soit la norme en Belgique et rejettent le 'quatre-vingt-dix' exigé dans nos écoles de traduction belges, même à ceux qui voudraient que le cours de « Maîtrise de la langue française », enseigné dans nos écoles normales belges (on dit aujourd'hui "nos hautes écoles belges de catégorie pédagogique"), deviennent un cours de « maîtrise de la langue belge ».[2]
Dans son "Vade-Mecum du typographe" Jean Dumont a repris les 'habitudes belges' concernant la typographie. Son ouvrage a souvent été appelé la « bible des typographes belges d’antan » et Jean Dumont a été directeur et enseignant de l’École professionnelle de typographie de Bruxelles.
Messieurs, vous avez été des Belges qui avez travaillé pour la bonne maîtrise de notre langue française... je déplore que les normes belges vous jettent aux oubliettes...
Ces quelques lignes pour faire comprendre l'idiosyncrasie[4] envers ces normes pompeusement désignées sous NBN Z01-002, et pour vous rappeler qu'un des documents cités ne s'adresse qu'aux enseignants de l'enseignement libre, et de plus, en ce qui concerne les documents commerciaux et administratifs (voir titre de la plaquette) et deux autres aux enseignants de l'enseignement officiel. Ce désintérêt est d'ailleurs partagé par le renommé typographe, Jean MÉRON, dans sa critique des normes françaises, AFNOR (NF Z11-001 de juillet 1982), qui l'amène à dire « Dans l'immédiat — en France — n'attendons aucun progrès dans ce domaine tant que la défense de la typographie sera entre les mains de pareils sous-doués et de tels irresponsables[7] ».
Pour terminer, nous voudrions remercier ici les 'huiles' de l'enseignement qui sanctionnent tous ceux qui ne suivent pas aveuglément ces normes NBN Z01-002 dont même les pourfendeurs n'observent pas les règles... |
« Placez un fruit qui commence à blettir au milieu des fruits sains, le premier aura tôt fait de gâter les seconds. Le technocrate a les mêmes capacités, c'est-à-dire qu'il génère un nombre incalculable d'incapacités dès qu'il se met à vouloir gouverner les hommes. » André Santini, Ces imbéciles qui nous gouvernent |
Et last but not least, nous apprenons que le ON, mentionné au paragraphe précédent, se justifie en prétendant se soumettre à une volonté européenne de standardisation des documents édités selon le "code de rédaction interinstitutionnel". Sans attendre, nous vérifions ces propos et laissons le lecteur libre de ses conclusions.
Concernant l'emploi des capitales, nous lisons (source: http://publications.europa.eu/code/fr/fr-5000500.htm) :
"Annexe A5, Liste des États, territoires et monnaies (État au 1.1.2011)" et concernant les pays dont le nom commence par un 'E',
Concernant les énumérations : (source : http://publications.europa.eu/code/fr/fr-250700.htm) :
Concernant les énumérations dites multiples, (source : http://publications.europa.eu/code/fr/fr-250700.htm), nous reprenons le petit tableau inclus dans leurs pages :
Double
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Triple
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Quadruple
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Xxxxxxxx: 1) xxxxxx: a) xxxx, b) xxxx, c) xxxx; 2) xxxx. |
Xxxxxxxx: 1) xxxxxx: a) xxxx: — xxxx, — xxxx; b) xxxx; 2) xxxx. |
Xxxxxxxx: 1) xxxxxx: a) xxxx: — xxxx; — xxxx: • xxxx, • xxxx; b) xxxx; 2) xxxx. |
NDLR : Dommage que leur exemple n'illustre pas le cas fréquent d'éléments d'une énumération qui ne soit
* ni introductif d'une sous-liste (deux-points obligatoire)
* ni dernier élément de cette liste (ponctuation différente pour le dernier élément d'une énumération).
Mais respectons les auteurs de ce document européen officiel.
Concernant les points de suspension, on lira (source : http://publications.europa.eu/code/fr/fr-4100100.htm#1019)
Concernant la portée de ce code de rédaction interinstitutionnel, on lira Mme Martine REICHERTS, Directeur général, Office des publications, qui signale que « Les conclusions du comité interinstitutionnel «Code de rédaction» sont applicables dans l’ensemble des institutions, organes et organismes de l’Union, et l’Office des publications doit veiller à leur mise en œuvre. »
Comprenne qui peut lire et reconnaitre les autorités en la matière...
Le lecteur aura cependant compris que :
– ni l'IBN qui publie les normes de façon dite officielle ;
– ni les concepteurs des dites normes ;
– ni les 'autorités' de l'enseignement (ministres, concepteurs des programmes, inspecteurs, etc.) ;
– ni la presse belge ;
– ni les moteurs de recherche
ne sont capables de nous convaincre d'écrire selon les normes qu'ils prétendent défendre...
Quelques outils de travail pour primo-scripturants
Aurel Ramat, Le Ramat de la typographie, Édition Aurel Ramat (sic), conforme aux deux orthographes, 8e édition, 2004, 224 pages, (ISBN 2-9223660-3-0), 21 ¬.
Charles Gouriou, Mémento Typographique, Éditions du Cercle de la Librairie, 1998, 121 pages, (ISBN 13 : 978-2-7654-0447-7 ; ISBN 10 : 2-7654-0447-X ), 15 ¬.
Lexique des règles typographiques en usage à l Imprimerie nationale, Paris, Imprimerie nationale, 2002, 198 pages, (ISBN 2-7433-0482-0).
[1] cf. diverses définitions extraites de diverses sources ici
[2] Le lecteur sensible à la nouvelle orthographe aura noté qu'il n'était pas seulement acceptable mais recommandé d'écrire "Ile-de-France" et "maitrise" (sans accent circonflexe).
[3] Haut lieu de la culture française, l'Académie française tient ses séances solennelles sous la coupole de l'ancien collège des Quatre Nations, sur le quai Conti.
[4] IDIOSYNCRASIE (le premier s se prononce ss) n. f. XVIe siècle. Emprunté du grec tardif idiosunkrasia, « tempérament particulier ».
[5] Le lecteur observateur aura noté que nous avons bien écrit Sil, et non pas oeil (la négligence de ligature est une faute orthographique).
[6] Le lecteur non convaincu peut faire une recherche dans un moteur de recherche : "NBN Z 01-002" donne 165 pages trouvées, mais si on se limite aux pages francophones, on n'en trouve plus que 8, dont toutes ne défendent pas les dites normes.
[7] Voir : http://listetypo.free.fr/meron/qualty18.pdf
Quelques sites qui nous ont inspiré :
Orthotypographie : normes belges et presse | Orthotypographie accueil | ponctuation et espaces