Allonger les études d'enseignant Revoir la formation initiale des enseignants, confrontés aujourd’hui à un environnement qui a beaucoup évolué, est un des objectifs que s’est fixé le gouvernement PS-Ecolo-CDH à la Communauté française. Il vient de lancer une grande consultation des enseignants sur ce thème. Mais pour l’Olivier, cela passera nécessairement par un allongement des études de trois à cinq ans, comme c’est le cas dans de nombreux pays. Des obstacles se dressent cependant sur la route de cette réforme. Et parmi ceux-ci (coût à charge de l’étudiant, pénurie de profs ), l’impact budgétaire pour la Communauté française n’est pas le moindre. Jusqu’ici, cet impact financier n’a pas vraiment été chiffré. Mais à la fin de l’année dernière, une note de Jean-Claude Marcourt (PS, Enseignement supérieur) et Marie-Dominique Simonet (CDH, Enseignement obligatoire) est passée en gouvernement. Elle comportait une estimation en trois volets du coût financier de l’opération pour le budget communautaire. A sa lecture, on peut se demander si cette réforme sera payable, et si oui, quand. 1) Le passage de trois à cinq ans de la formation initiale des enseignants en Haute Ecole. 2) Le passage du barème 301 au barème 501 pour les nouveaux enseignants. 3) Le passage du barème 301 au barème 501 pour les enseignants en poste. Au total, le gouvernement estime dès lors l’impact financier de l’allongement des études d’enseignant à 20 millions la 1ère année, 40 la 2e, 50 la 3e, 60 la 4e Après huit ans, on en serait déjà à 100 millions par an. Et à terme, en année pleine, le surcoût serait donc de 468 millions, sans tenir compte de la revalorisation des enseignants en place, qui ne fera qu’accélérer l’impact financier. Un montant à mettre en balance avec les 350 millions que coûte annuellement le redoublement (qui pourrait se réduire grâce à la meilleure formation des profs). Et à comparer avec le budget total de la Communauté, qui s’élève à un peu plus de 9 milliards d’euros en 2011. Cette estimation qui fait froid dans le dos, Robert Deschamps la juge cependant "un peu faible". Pour le spécialiste namurois des finances des entités fédérées, il faudrait notamment tenir compte du barème moyen des enseignants, et non du barème des débutants. Car selon lui, il est évident que la revalorisation des enseignants déjà en poste se ferait automatiquement, justifiée par l’expérience professionnelle accumulée. C’est ce qui s’était fait lorsque la formation des régents est passée à trois ans, rappelle-t-il. Dès lors, cet allongement de deux ans aurait un surcoût bien plus grand qu’un demi-milliard d’euros. Et Robert Deschamps de se demander si la Communauté, qui n’a toujours pas évalué les effets de la réforme précédente, a bien les moyens de se payer un tel allongement. Jusqu’ici, l’Olivier, estimant qu’il s’agit là d’un dossier essentiel, n’y a en tout cas pas renoncé. Mais il n’a pris aucun engagement pour cette législature.
L Gérard
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