1302, le 11 juillet

1. avant 1302...
cuy copyleft
  See You Why?  

 


| 1302 (2)

I. Avant 1302

Le 21 juillet est la fête nationale belge. Pourquoi cette date ?

En 1994, suite à une profonde révision de la Constitution, notre pays est devenu un état fédéral, modifié par différentes révisions de la Constitution. Régionalisation et communautarisation ont progressivement séparé le Nord et le Sud du pays. Le 11 juillet est bien connu au Nord de la Belgique.

Comme le 27 septembre est la fête de la Communauté française, le 11 juillet est la fête de la Communauté flamande de Belgique... Certains vont jusqu'à dire la "fête nationale des flamands" (dans ce cas-ci volontairement avec bas de casse). Pourquoi cette date ? Un simple souvenir de la bataille des éperons d'or de Courtrai (Kortrijk) qui a eu lieu le 11 juillet 1302.

Évènement mal connu de notre histoire belge qui demande quelques éclaircissements.

Le symbole de l'évènement selon les Flamands, c'est la victoire à Courtrai (Kortrijk) des Flamands sur les Français. Ne voyez pas dans l'emploi des lettres capitales une provocation, il s'agit d'un simple respect des règles orthotypographiques de la langue française. Je rappelle ici que prennent une capitale, les noms propres de personnes, de peuples, d'habitants d'une région géographique, de lieux ou assimilés attribués à une habitation, mais pas les adeptes de doctrines, de religions, de courants de pensée.

Quand je parle des Français, je fais bien allusion aux habitants de France qui vivaient sous l'autorité de Philippe le Bel, roi de France. De même, lorsque je parle des Flamands, je me refuse à les considérer comme des adeptes d'une doctrine, mais comme des habitants en 1302 d'une région qui est devenue la Belgique en 1830. Ces habitants, à l'époque, Français de France, étaient sous l'autorité locale du comte de Flandre. Parler des flamands (en bas de casse) aurait une tout autre signification.

 

A. 1302, une bataille de Français contre des Français alors...

Au départ, oui...
mais ce serait faire un fameux raccourci de notre histoire belge. Nous croyons qu'il serait utile ici
(1) de vérifier d'où le roi de France, Philippe le Bel, partenaire côté léliaerts dans le combat, tenait son autorité,
(2) de découvrir qui étaient ces comtes de Flandres, dont Gui de Dampierre, partenaire klauwaerts et
(3) de voir les tensions qui existaient de longue date entre les Français de France et les Français de Flandre, province du Nord de la France en 1302.

Nous découvrirons ensuite que cette bataille de Courtrai, aussi appelée bataille des "Éperons d'Or", selon les lectures que l'on en fait, peut être considérée comme une victoire de Français contre des Français, ou une victoire de Flamands contre des Flamands, une victoire de Belges contre des Belges... et réciproquement, mais qu'elle n'avait aucune orientation linguistique... ou si peu.

Le but de nos pages est d'éclairer le lecteur sur cet épisode de 1302, devenu belge mais toujours mal connu.

 
  

B. Philippe le Bel, roi de France

Philippe IV de France, dit « Philippe le Bel » ou le « roi de fer », né à Fontainebleau en avril/juin 1268, mort à Fontainebleau le 29 novembre 1314 à 46 ans, était fils de Philippe III de France (1245-1285) et de sa première épouse Isabelle d'Aragon, fut roi de France à 17 ans, de 1285 à 1314, onzième roi de la dynastie des Capétiens directs.

C'est incontestablement un des personnages essentiels qui fut à l'origine de cette bataille de 1302.

Philippe III de France, dit « Philippe le Hardi », né le 1er mai 1245 à Poissy, mort le 5 octobre 1285 à Perpignan à 40 ans, fut roi de France de 1270 à 1285, le dixième de la dynastie dite des Capétiens directs. Il devint roi à 25 ans.
Il était le fils de Louis IX (1214-1270), dit « Saint Louis », roi de France, et de Marguerite de Provence (1221-1295).

Louis IX, connu sous le nom de « Saint Louis » (depuis sa canonisation par l'Église catholique romaine en 1297), est né le 25 avril 1214 (à Poissy ou à La Neuville-en-Hez) et mort à 56 ans, le 25 août 1270 à Tunis pendant la huitième croisade. Il fut roi de France de 1226 (donc à 12 ans) à 1270, neuvième de la dynastie des Capétiens directs.
Il est le fils de Louis VIII (1187-1226), dit « Louis le Lion », roi de France, et de Blanche de Castille (1188-1252). Il est aussi le frère aîné de Robert Ier d'Artois, comte d'Artois, et de Charles Ier de Sicile (1227-1285), comte d'Anjou, qui fonda la seconde dynastie angevine. Il développa notamment la justice royale où le roi apparaît alors comme « le justicier suprême ». Il est considéré comme l'un des trois grands Capétiens directs avec son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe IV le Bel.

Louis VIII de France dit « le Lion », né le 5 septembre 1187 à Paris et mort à 39 ans, le 8 novembre 1226 à Montpensier (Auvergne), fut roi de France à 36 ans, de 1223 à 1226, huitième de la dynastie dite des Capétiens directs.
Il était le fils du roi Philippe II (1165-1223), dit « Philippe Auguste » et d'Isabelle de Hainaut (1170-1190). Par sa mère, il est le premier roi de France qui descende à la fois d'Hugues Capet et de son compétiteur malheureux, Charles de Basse-Lorraine3. Le court règne de Louis VIII fut cependant marqué par deux brillantes campagnes : l’une contre les Anglais en Guyenne, l’autre contre Raymond VII de Toulouse.

Philippe II dit « Philippe Auguste », né le 21 août 1165 à Paris et mort à Mantes à 58 ans, le 14 juillet 1223, est le septième roi de la dynastie dite des Capétiens directs. Il est le fils héritier de Louis VII dit « le Jeune » et d'Adèle de Champagne. Il devint roi en 1179 (à 14 ans) jusqu'en 1223.

Louis VII de France, dit « Louis le Jeune », né en 1120, mort à 60 ans en 1180 à Paris, roi des Francs à 17 ans, de 1137 à 1180. Il est le fils de Louis VI, dit « Louis le Gros », roi des Francs, et d’Adélaïde de Savoie (v. 1092-1154).

Louis VI de France, dit « le Gros » ou « le Batailleur », né le 1er décembre 1081 à Paris, mort le 1er août 1137 au château royal de Béthisy-Saint-Pierre. Roi des Francs de juillet 1108 à 1137, il est le cinquième roi de la dynastie dite des Capétiens directs. Il est le fils de Philippe Ier (1052-1108), roi des Francs et de sa première épouse Berthe de Hollande.

Philippe Ier de France, né en 1052 et mort le 29 juillet 1108 au château de Melun en Seine-et-Marne, fut roi des Francs à 8 ans, de 1060 à 1108, quatrième de la dynastie dite des Capétiens directs.
Il est le fils d’Henri Ier, roi de France, et d’Anne de Kiev.

Inutile de pousser plus loin la généalogie de Philippe le Bel (ou Philippe IV de France) et de passer par Henri Ier (1031-1060), fils de Robert II de France (Robert le pieux, 996-1031), fils de Hugues Capet (987-996), fils de Hugues le Grand (mort en 956), fils de
Robert Ier (mort en 923) son père, descendant d'Adrien d'Orléans, dont la soeur était Hildegarde, femme de Charlemagne et de
Béatrice de Vermandois sa mère, elle-même decendante de Pépin d'Italie, roi d'Italie et fils de Charlemagne,
pour s'assurer qu'il est bien de sang royal français.


  

C. Les comtes de Flandre

La Belgique (pas encore née à cette époque) a connu des comtes de Flandre depuis 865 (Baudouin Ier de Flandre) jusqu'en 1983 (Charles de Belgique).

Le titre des derniers comtes de Flandre ne leur a été attribué qu'au titre de courtoisie. Il s'agissait de :

* 1840-1905 : Philippe de Belgique (1837-1905), prince de Belgique, prince de Saxe-Cobourg et Gotha, duc en Saxe. Comte de Flandre, fils de Léopold Ier, roi des Belges
* 1910-1983 : Charles de Belgique (1903-1983), petit-fils de Philippe de Belgique cité précédemment, prince de Belgique, comte de Flandre (1910-1983) et régent (1944-1950).

L'historique des comtes de Flandre nous promène un peu partout en Europe et la naissance du comté de Flandre s'explique déjà suite à un conflit étouffé entre Baudouin Ier, fils d'un officier de l'armée royale de France, et le roi Charles le Chauve (petit-fils de Charlemagne qui, lors du traité de Verdun [843] reçoit la Francia occidentalis, c'est-à-dire les pays de l'ouest de l'Escaut, de l'Argonne, de la Saône et des Cévennes) au IXe siècle :
c’est d’ailleurs lors d’un séjour à la cour royale, à Senlis, que Baudouin enlève la princesse Judith, fille du roi Charles le Chauve et d'Ermentrude. Après s’être fait pardonné, Baudouin obtient du roi Charles le Chauve, le comté de Flandres et en devint le premier comte.

Liste des comtes de Flandre
Les Baudouin (Baudouinides) • Baudouin Ier de Flandre (vers 865-879) • Baudouin II (879-918) • Arnoul Ier (918-964 ) • Baudouin III (958-962) • Arnoul II (965-987) • Baudouin IV (987-1035) • Baudouin V (1035-1067) • Baudouin VI (1067-1070) • Arnoul III (1070-1071] • Robert Ier(1071-1093) • Robert II (1093-1111) • Baudouin VII (1111-1119)
Maison de Danemark • Charles Ier de Flandre (1119-1127)
Maison de Normandie • Guillaume de Normandie (1127-1128)
Maison d'Alsace • Thierry d'Alsace (1128-1168) • Philippe d'Alsace (1168-1191) • Marguerite d'Alsace (1191-1194)
Maison de Hainaut, puis Maison de Constantinople • Baudouin VIII (1191-1194) • Baudouin IX (1194-v.1205) • Jeanne de Constantinople (1205-1244)
Maison de Portugal • Ferdinand de Portugal (1211-1233)
Maison de Savoie • Thomas II de Piémont (1237-1244)
Maison de Constantinople • Marguerite de Constantinople (1244-1280)
Maison de Dampierre • Gui de Dampierre (1278-1305) qui fut le comte de Flandre qui s'opposa à Philippe le Bel, roi de France et fut du combat en 1302 • Robert III de Flandre (1305-1322) • Louis Ier de Flandre (1322-1346) • Louis II de Flandre (1346-1384) • Marguerite III de Flandre (1384-1405)
Maison de Bourgogne • Philippe II de Bourgogne (1384-1404) • Jean Ier de Bourgogne (1405-1419) • Philippe III de Bourgogne (1419-1467) • Charles le Téméraire (1467-1477) • Marie de Bourgogne (1477-1482)
Maison d'Autriche (Habsbourg) • Maximilien Ier du Saint-Empire (comte par mariage, 1477-1482) • Philippe Ier de Castille (1482-1506) • Charles Quint (1519-1555) • Philippe II d'Espagne (1555-1598)

La période qui nous préoccupera sera celle de la maison de Dampierre (de 1278 à 1384 ou 1405). Et n'oublions pas la Maison de Saxe-Cobourg et Gotha citée ci-dessus et qui éteignit la lignée en 1983.


  

D. Les tensions entre Français de France et Français de Flandre

Rappelons ici que le comté de Flandre est né d'une réconciliation au IXe siècle entre le roi de France Charles le Chauve et le fils d'un de ses officiers de l'armée de France, Baudouin Ier de Flandre.

Depuis des années déjà (vers le milieu du XIe sièle, selon le vicomte Charles Terlinden, docteur en droit, docteur en histoire, et docteur en sciences politiques et sociales, chargé de cours dès 1907, puis professeur à l'université de Louvain, occupant de 1918 à 1952 les chaires d'histoire moderne et d'histoire contemporaine), l'industrie textile faisait la prospérité d'une province du Nord du royaume de France, appelée la Flandre. Le textile se développe grâce au commerce de la laine que la Flandre fait venir essentiellement d'Angleterre. Bruges avait alors l'exclusivité de l'importation de la laine de moutons.
N'oublions pas le raz-de-marée du 4 octobre 1134 (certains disent que ce n'est qu'une tempête à marée très haute), qui ouvre une large brèche dans la terre de Flandre ; tout à coup Bruges devient un port maritime (voir carte ci-contre). Il devient même rapidement l'un des ports commerciaux les plus importants du monde d'alors, ainsi que son avant-port à Damme et son entrée à Sluis (l'Écluse) (la mer est redescendue depuis, et il ne reste plus de cette brèche que le Zwin, charmant endroit entre Knokke et Cadzand)... Bruges fut à ce point commercial qu'il inventa cette grue à énergie humaine (observez bien la roue à gauche, on y voit des Brugeois-hamsters).

Ce développement remarquable du commerce entre la Flandre et son partenaire anglais n'était pas pour plaire à l'autorité centrale française. Le roi de France, Philippe le Bel, faché de l'ombre portée par la Flandre à la toute puisante France depuis plus de deux siècles, se décida de réagir en mai 1302. Il envoie un délégué et une garnison française dans sa province du Nord, en espérant tirer profit et augmenter son contrôle sur ce juteux commerce... ce qui ne plut pas aux tisserands du Nord... la suite à lire dans notre page 1302.

Vieilles querelles ? Ne remontons qu'au milieu du XIe siècle pour découvrir en partie ces éternelles tensions entre la France et sa province du Nord.

Au début du Moyen Âge, Baudouin V, fils de Baudouin IV était comte de Flandre de la maison des Baudouin (qui l'eût cru ?[1]).
Il avait épousé Adèle, la fille du roi de France Robert le Pieu (ou Robert II de France). Loin de moi l'idée que mariage signifie tension... quoique... Baudouin V déjà, fit appel à Conrad II le Salique (roi de Germanie) pour s'opposer à son père Baudouin IV et s'installer dans la région de Cambrai.
À la fin de sa vie cependant, Baudouin V devint le tuteur du futur roi de France Philippe Ier et avait confirmé son autorité à l'intérieur de la Flandre qui se développait économiquement et confirmait ses liens avec l'Allemagne impériale.

Philippe d'Alsace, comte de Flandre de la maison d'Alsace, donna en mariage la fille de sa soeur Marguerite (future comtesse de Flandre) à Philippe Auguste, roi de France et céda en dot une partie de la Flandre de l'époque, à savoir l'Artois.
Cette cession fâcha Baudouin VIII de Flandre (aussi appelé Baudouin V du Hainaut et enterré dans l'église Sainte-Waudru à Mons), car elle le dépossédait de son héritage espéré. Les conflits se multiplient entre le roi et le comte de Flandre.

En 1187, suite aux luttes de ses habitants pour l'indépendance, la ville de Tournai, ville du comté de Flandre, passa également aux mains du roi de France et ne fut jamais rattachée à la Flandre depuis lors...

Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre de la maison du Hainaut, n'eut pas d'enfants survivants et cède le comté de Flandre à sa sœur Marguerite de Constantinople.
Cette dernière eut des enfants de ses deux mariages, le premier avec Bouchard d'Avesnes et le deuxième avec Guillaume de Dampierre, et la comtesse Marguerite haïssait les fils de son premier lit.
La fin du règne de Marguerite voit une guerre économique avec l'Angleterre (1270-1274) qui se conclut par un accord très favorable pour le royaume : prémices d'une situation socio-économique qui se dégrade déjà. Marguerite cède définitivement le pouvoir
* en Flandre à son fils Gui de Dampierre et
* en Hainaut à son petit-fils Jean II d'Avesnes en 1279.

Dès le début du règne de Gui de Dampierre (1279-1305) éclatent des révoltes dans les villes flamandes (1280) : les communiers (petits artisans et ouvriers) ne supportent plus la mainmise de la grande bourgeoisie sur les échevinages des villes. Elles sont matées, mais il n’en reste pas moins que, pour conserver leur pouvoir et préserver leur indépendance face au comte, les oligarques urbains font désormais systématiquement appel au roi.

Se dressent progressivement deux camps qui vont s’opposer bientôt : l’oligarchie urbaine flamande et une grande partie de la noblesse flamande constituent les partisans du roi de France ou léliaerts en référence au lys, emblême de la royauté française ;
ils ont face à eux les klauwaerts, en référence à la griffe du lion arboré sur le blason des Dampierre, essentiellement les communiers flamands fidèles au pouvoir comtal, c-à-d au pouvoir du comte de Flandre, province du Nord de la France.

De plus, les premières galères génoises entrent dans le port de Bruges en 1280. C'est le début du déclin économique, marqué par le changement des pratiques commerciales européennes : le commerce en Flandre régresse et dès 1294, les Flamands modifient leur façon de faire : les artisans peuvent se passer de l’intermédiaire des négociants flamands en laine anglaise.

Philippe le Bel est devenu roi de France en 1285 à l'âge de 17 ans. Il n'avait rien d'un tendre :

      1. Sous son règne, l'autorité royale s'accroit et il s'entoure de conseillers qui le guident vers une monarchie (anciennement féodale, c'est-à-dire avec pouvoirs limités car partagés avec ses vassaux) vers une monarchie absolue, plus centralisée et plus administrative.
      2. Trois conséquences immédiates de cette centralisation administrative :
        la centralisation monarchique mécontentait les grands seigneurs qui perdent leurs pouvoirs locaux,
        les nouveaux impôts dressaient tous les bourgeois et commerçants contre le pouvoir,
        et les artisans et paysans, accablés de taxes diverses, se révoltent (les "jacqueries") qui enflammeront les campagnes.
      3. Philippe le Bel s'oppose à la papauté car il aspire à être le maître absolu en son royaume et à rejeter toute tentative d'intervention extérieure et particulièrement les influences de l'église, en opposition avec le Pape Boniface VIII qui cherche à imposer les principes de la théocratie pontificale en contrôlant les monarchies occidentales : il rêve d'un empire chrétien unifié sous la direction d'un souverain religieux, ce qu'atteste sa bulle papale "Unam sanctam" du 18 novembre 1302 :
        "Les paroles de l’Évangile nous l’enseignent : en elle et en son pouvoir il y a deux glaives, le spirituel et le temporel (Lc 22,38 ; Mt 26,52). Les deux sont donc au pouvoir de l’Église, le glaive spirituel et le glaive matériel.
        Cependant l’un doit être manié pour l’Église, l’autre par l’Église.
        L’autre par la main du prêtre, l’un par la main du roi et du soldat, mais au consentement et au gré du prêtre.
        Or il convient que le glaive soit sous le glaive, et que l’autorité temporelle soit soumise au pouvoir spirituel…
        Que le pouvoir spirituel doive l’emporter en dignité et en noblesse sur toute espèce de pouvoir terrestre, il nous faut le reconnaître d’autant plus nettement que les réalités spirituelles ont le pas sur les temporelles…
        Comme la Vérité l’atteste : il appartient au pouvoir spirituel d’établir le pouvoir terrestre, et de le juger s’il n’a pas été bon
        … "
        En 1296 Philippe le Bel impose une taxe pour faire payer le clergé : le Pape, après s'y être opposé, a été obligé de céder.
        En 1303, Philippe le Bel décide de faire arrêter le pape : c'est l'attentat d'Anagni.
        Les successeurs du pape Boniface VIII (Benoit XI puis Clément V) vont tenter de faire cesser cette lutte contre la royauté française. Redoutant les sentiments "anti-français" à Rome, Clément V, ancien archevêque de Bordeaux, s'établit à Avignon en 1309 (ville partiellement pontificale depuis 1277) et ses successeurs y resteront jusqu'en 1376.
      4. Philippe le Bel étend son royaume (comté de Chartres, comté de Champagne, Lyon...)
      5. Il envahit la Flandre en 1297, car il estime que le comte de Flandre, Gui de Dampierre, est trop allié du roi d'Angleterre, son vassal. Il emprisonne le comte, nomme un gouverneur de Flandre, Jacques Chatillon, et revient à Bruges pour faire sa "Joyeuse entrée" en 1301.
      6. En 1301, il ordonne à la ville de Bruges de démanteler ses fortifications et ses murailles.
      7. En mai 1302, il envoie un délégué et une garnison de 200 hommes à Bruges, pour leur faire part de sa désapprobation... mais cette procédure se terminera par les "matines brugeoises" (voir 1302).
      8. Il expulsera les Lombards et les Juifs et confisquera leurs biens.
      9. L'ordre du Temple (ou les Templiers) a été créé en 1119, après la première croisade.
        En 1307, Philippe le Bel fera arrêter tous les Templiers, puis confisquera leurs biens, leur fera avouer des fautes sous la torture et fera dissoudre l'ordre des Templiers en 1312 par le Pape et mènera au bucher quelque 50 Templiers en 1314.

La "Joyeuse entrée" de Philippe le Bel à Bruges était une provocation de trop. La population brugeoise se rend compte qu'elle devra en payer les frais. Pierre De Coninck, jeune tisserand flamand, déjà porte-parole naturel des Brugeois mécontents des vexations du gouverneur français de la Flandre, proteste de cette décision. Il sera jeté en prison par le bailli royal, mais une émeute populaire l'en délivre. Pierre De Coninck est donc naturellement adopté par le monde ouvrier flamand et anti-français brugeois ; les riches drapiers flamands soutiennent plutôt l'occupation française.

 

 

[1] Corneille, Le Cid, III, iv

 

 

II. 1302

voir suite >>>

 

 

 

III. après 1302...

voir suite >>>

 

 

IV. après le 14e siècle...

voir suite >>>

 


| 1302